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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 09:00
Ben Martin, aka COiN!!!P., est un artiste français qui navigue entre la réalité de la photographie et le monde virtuel du graphic art en passant par la réalisation à laquelle il s'initie en lançant son projet de film post-apocalyptique intitulé Eenola. Ses créations sont empreintes d'un style très personnel, très abouti, qui flirte avec le trash et le dark. Tendances Graphiques l'a rencontré du côté de Bastille.

COiN!!!P.

Tendances Graphiques : Bonjour Ben et merci d'avoir répondu à notre invitation. Alors, première question, pourquoi le pseudo COiN!!!P. ?

Ben Martin : En fait, il faut le prononcer "Coin-tri-P[é]". Ca a différentes origines : la première partie, "COiN", est le surnom d'un ami d'enfance qui est décédé quand j'étais jeune, j'avais 15 ans. J'ai commencé à faire des dédicaces en graff en utilisant ce pseudo, il y a avait beaucoup de jeux de mots aussi, et j'ai décidé de le garder. Pour la seconde partie, !!!P. (Prononcez "Tri-Pé" ou "3i-Pé", ndlr), ça remonte au lycée avec mon premier collectif. Nous avions créé de petits personnages que l'on appelait "!!!P." et que l'on graffait sur les murs, il y avait également des stickers. C'est donc le pseudo que j'ai depuis mes débuts i l y a 10 ans.
 
TG : Tu as donc un passé de graffeur ?

B.M. : Oui, oui. Un passé de très mauvais graffeur ! (rires)
 
TG : Quel est ton parcours ?

B.M. : J'ai commencé par des études de graphisme, et avant ça, j'ai toujours fait de la photo depuis que je suis petit, je prenais des cours quand j'avais 10 ans, je faisais un peu de dessin aussi. J'ai enchaîné par un BT dessinateur-maquettiste à Marseille, puis j'ai intégré une agence à Toulon avant de faire 3 ans de Beaux Arts à Marseille. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé le premier Eenola. C'est aussi l'époque où j'ai pris le temps de conceptualiser mon travail et où j'ai commencé à créer ma propre identité. J'ai rejoint Paris ensuite pour faire l'Esra : ça n'aura duré qu'un an car je n'avais plus d'argent pour poursuivre. Aujourd'hui, beaucoup de choses se sont faites par hasard, pour la photo notamment. J'ai voulu me rapprocher davantage de la vidéo, du film, mais en arrivant sur Paris, ma caméra s'est cassée et juste après, on m'a proposé de suivre un tournage. Il me fallait du matériel, j'avais acheté un appareil, et j'ai donc fait des photos ! Tout le monde a aimé mon travail, les comédiens m'ont demandé de faire des shoots pour leur book, et c'est comme ça que c'est parti, j'étais revenu dans l'univers de la photo ! C'est ce qui me fait vivre aujourd'hui.
 
COiN!!!P.

TG : Photographie, Digital Art, réalisation, et aussi des fringues... Tu es un touche-à-tout, qu'est ce qui te motive le plus, as-tu une préférence ?
 
B.M. : c'est plutôt le film, car il me permet d'intégrer toutes ces pratiques.  Après, au jour le jour, je préfère la photo, c'est plus simple ! C'est très rapide, ce n'est que du plaisir. Un clic sur l'appareil, 3 sur l'ordinateur et il y a déjà un résultat. La photographie est donc mon premier amour, mais c'est le film qui m'attire.

TG : Comment définirais-tu ton univers ?
 
B.M. : En fait, j'ai commencé à travailler sur le thème des folies quotidiennes comme la schizophrénie, la paranoïa ou l'autisme. J'ai beaucoup étudié tout ça. Ensuite, je me suis orienté vers la tristesse, celle de la femme en particulier. C'est d'ailleurs pour cela que la femme est très présente dans chacune de mes histoires. On peut donc dire que mon univers est plutôt "dark", c'est vrai. Mais j'essaie de garder des projets bien absurdes à côté, pour compenser, car je ne me sens pas comme quelqu'un de si "dark" que ça ! Et encore une fois, c'est la femme qui me fascine et qui est représentée.
 
TG : Quelles sont tes inspirations  ? Tes références en ciné ou en photo ?
 
B.M. : Incontestablement, mon inspiration principale vient des travaux de Mamoru Oshii (Ghost in the Shell, Avalon - ndlr). Hans Bellmer aussi, à qui l'on doit notamment les séries de photos sur les poupées. C'est négatif tout ça (rires) ! Sinon, il y a aussi George Mélies, pour tout ce qu'il a créé, et HR Giger m'a beaucoup inspiré, même si cette influence ne se retrouve pas dans mon style et mes créations. Voilà pour les principales !
 
eenola01

TG : Parle-nous de ton projet Eenola. A quoi doit-on s'attendre ? Quelles sont les techniques utilisées ?
 
B.M. : Le nom de ce film est inspiré de celui de l'avion qui a bombardé Hiroshima (Enola Gay piloté par Paul Tibbets en 1945 - ndlr) . Celui-ci avait déjà été repris dans Waterworld pour le personnage de la jeune fille qui devait sauver l'humanité. L'histoire complète d'Eenola commence au Japon, exactement comme les événements qui s'y déroulent actuellement. C'est aussi pour cela que je suis très touché par ce qu'il se passe là-bas et que j'ai fait une affiche sur le sujet. Eenola s'organise en plusieurs parties : la première partie raconte l'apocalypse. La seconde présente le personnage puis sa traversée du désert. Le troisième volet s'organise plus comme un film de science-fiction qui présente une ville modèle et écologique, alors que la quatrième montre la fuite des personnages. Ils comprennent à ce stade qu'il n'y a plus rien à espérer de la race humaine et que tout doit s'arrêter. Enfin, la dernière partie nous dévoile une Terre nouvelle, et sans humains.

Pour ce projet, la musique est produite par Charles Massabo (Kallaghan Records) qui a composé un son sur mesure à base de Drum n'Bass. J'aimerais que celui-ci soit un vrai film musical, que la musique puisse être indépendante du film et qu'elle puisse s'écouter à part. Le montage final se fait d'ailleurs à partir de la musique, le tout doit être rythmé.

En ce qui concerne les techniques utilisées, c'est justement une technique inspirée par les travaux de Mamoru Oshii et qu'il a appelé du "Super live motion" :  les personnages sont pris en photo, ils sont fixes et leurs mouvements sont des translations ou du stop-motion, tandis que les décors sont réalisés à partir de montages photo et évoluent dans un espace en 3D pour donner de la profondeur. C'est finalement un beau patchwork de plusieurs techniques ! La touche finale est évidemment donnée par le traitement final, comme pour la photo.


TG : Le personnage principal n'est pas totalement inconnu ?
 
B.M. : En fait, le personnage principal est interprété par "Simone elle est bonne", une chanteuse qui a su créer le buzz sur Internet. Je l'ai rencontré par l'intermédiaire de "Captain Brackmard", pour qui j'ai tourné quelques plans dans le clip "PQR - Plan cul régulier" qui a fait plus d'un million de vues sur la toile. C'est à ce moment-là que je lui est proposé de participer à mon projet. Elle a vraiment le physique et la personnalité que je cherchais, le petit corps fragile d'une femme-enfant allié à un coté punk et un regard de femme forte. C'est son premier rôle dans un film, même si elle tient aussi le rôle principal d'un autre projet dans l'année.
 
TG : Quel est l'objectif à atteindre pour ce projet ?

B.M. : Contrairement à Eenola que j'ai réalisé seul et sans moyens particuliers, la production d'Eenola² est assurée par Leonard Lang pour Tout seuls Prod, et à vrai dire, nous sommes actuellement à la recherche de partenaires financiers. L'objectif est de présenter ce projet au Festival du film de Sundance (Festival américain de films indépendants - ndlr), le but final étant de vendre le projet du long-métrage.
 
TG : Un mot de la fin ? Un message à faire passer ?
 
B.M. : Par rapport à mon histoire d'Eenola, j'espère vraiment que tout cela n'est pas prémonitoire, que tout va s'arranger pour les Japonais, même si je crois que tout cela arrivera un jour.

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commentaires

V
<br /> <br /> Pour un premier sujet sur le blog de Tendances Graphiques Nicolas, on peut dire que tu ramènes du lourd !!! L'interview est béton :-) Merci pour la découverte.<br /> <br /> <br /> <br />
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